sur le site de canoë il y a une entrevue avec Marie:
http://www2.canoe.com/divertissement/musique/nouvelles/2008/09/24/6862836-jdm.html
MARIE-CHANTAL TOUPIN
Telle qu’on l’aime
Agnès Gaudet
Journal de Montréal
27-09-2008 | 04h00
Après trois ans d’absence, la douce rockeuse est de retour avec un nouvel opus intitulé À distance, son album rose qu’elle espère retrouver dans toutes les maisons du Québec.
Marie-Chantal Toupin a retrouvé sa zone de confort avec son gérant des premières années, Eduardo Da Costa, et la musique soft rock qui lui colle à la peau et réjouit ses fans québécois.
Fini les grands projets en France pour pousser la carrière sur un autre continent et aux oubliettes dans le tiroir les mélodies vouées à la France. C’est la Marie-Chantal Toupin telle qu’on l’aime qu’on retrouve sur À distance, rock et parfois toute en sensibilité.
«Ma priorité est le Québec, confirme-telle les yeux pétillants. Et j’ai décidé de me faire plaisir. Cet album, c’est mon p’tit Québec.»
Après sa séparation avec Eduardo Da Costa, Marie-Chantal Toupin gérait seule sa carrière du mieux possible. Mais la néophyte a vite réalisé qu’elle avait besoin d’un bon gérant.
ÉCOUTEZ DES EXTRAITS DE À DISTANCE
Une fois pour toutes
Si je pouvais
Pas facile
«Où j’étais depuis trois ans? Je survivais, admet la chanteuse. Je faisais quelques shows ici et là. Mais un matin, je me suis levée et j’ai fait une trêve. Je manquais d’idées. Il me fallait quelqu’un avec de la drive. J’ai appelé Eduardo. C’était le 24 août l’an dernier. On s’est rencontrés. On s’est crinqués mutuellement et c’était reparti.
«Gérer une carrière, c’est toute une job, ajoute-t-elle. Et ça fait vraiment prétentieux pour un artiste de vendre lui-même son propre matériel. Moi, en tout cas, je déteste ça!»
©PHOTO LE JOURNAL – PIERRE VIDRICAIRE
Marie-Chantal Toupin
TOUS LES DEUX PLUS SAGES
Un an plus tard, un nouvel album voit déjà le jour. À distance sera en magasin le 30 septembre.
Un album à la pochette de couleur rose qui s’harmonise avec celui, bleu, de Maudit Bordel et l’autre précédent, jaune, éponyme.
La chanteuse a choisi les chansons, les photos, les couleurs, elle a travaillé avec plusieurs collaborateurs, notamment son directeur musical de longue date, Claude Senécal.
Même Paul Daraîche et Marjo lui ont confié chacun une mélodie.
À distance, c’est le nouveau bébé de Marie-Chantal, un bébé qui a vu le jour comme un charme.
«Tout a été moins long et moins compliqué», soutient la chanteuse, qui se dit «fouineuse» de nature. Elle s’est impliquée dans tous les petits détails et de façon naturelle, elle et son gérant sont retombés dans le moule. Ils ont glissé dans le métier comme dans un gant, la relation amoureuse en moins.
«On s’obstine beaucoup moins. On a encore plus de respect l’un pour l’autre, assure Marie-Chantal. On est tous les deux plus sages.»
ASSURANCE ET OPTIMISME
Marie-Chantal entretient de grands espoirs pour l’avenir de son nouveau nouvel album, «le meilleur», dit-elle en sachant très bien que c’est la lubie de tous les artistes qui arrivent avec un nouveau produit.
«J’ai connu une période creuse et je me rongeais en dedans. Aujourd’hui, je veux que cet album se retrouve dans toutes les maisons du Québec, dit-elle avec assurance. Je veux prouver que je suis capable d’aller chercher un disque d’or, même un disque platine.»
Marie-Chantal Toupin est des quelques chanceux que la crise du disque affecte peu parce que ses fans, d’une fidélité irréprochable, la suivent de partout.
La chanteuse optimiste envisage donc de défier la tendance des ventes d’albums qui depuis quelques années culbute vers le bas.
«Je suis chanceuse. Mes fans ont besoin de se retrouver avec le produit en main», se réjouit la chanteuse.
«Allez, le public! Achetez mon disque. On va traumatiser l’industrie!», lance-telle en riant à l’intention de ses admirateurs.
Sur la pochette de son album, Marie-Chantal indique d’ailleurs à la fin de ses remerciements: «Merci de ne pas me télécharger illégalement!»
«Je suis caméléon»
©PHOTO LE JOURNAL – PIERRE VIDRICAIRE
Marie-Chantal Toupin
Elle suit peu la politique, croit que les relations hommes/femmes sont étourdissantes, mais en revanche elle ne pourrait pas vivre sans l’amour inconditionnel de ses chien et chat.
Q: Où en sont selon toi les relations hommes-femmes?
R: La femme devient homme (elle chante une mélodie intitulée Comme un homme sur son album). Les hommes sont devenus roses. C’est le monde à l’envers. On essaie d’être les deux (sexes) à la fois. C’est tripant, mais étourdissant.
Q: Et les relations animaux-humains, toi qui adores les bêtes?
R: J’ai un nouveau danois et mon Copain me voue un amour inconditionnel. Je ne peux pas vivre sans animaux. J’ai un chat tonkinois qui s’ennuyait, je lui ai trouvé un ami. J’ai besoin de la responsabilité d’une bibitte qui a besoin de moi. Sinon, je tourne en rond.
Q: Es-tu, comme tout le monde, inquiète de l’état de la planète, mais trop occupée pour poser des gestes concrets?
R: Que veux-tu qu’on fasse? Je suis le courant et je fais mon possible. On roule tous à 200 milles à l’heure. C’est la chaîne humaine qui va faire la différence. En tout cas, on a choisi le bon pays. Ici, tout le monde chiale tout le temps, mais ailleurs les gens s’entretuent. Ici, on est bien. On s’entraide.
Q: Est-ce que tu suis les campagnes électorales et la politique?
R: Peu. Je ne comprends rien à leurs simagrées et à leurs décisions. Je sais par contre qu’on paye pour des niaiseries et que plusieurs dorment au gaz. Je vais aller voter, mais cocher toutes les cases! (rires).
Q: Quelle cause te tient le plus à coeur?
R: Celle des enfants malades et abusés. J’aimerais avoir une baguette magique pour enrayer tout ça. Le monde est tellement méchant. Les enfants sont pourtant notre avenir. L’injustice, c’est à n’y rien comprendre. (Le boxeur Lucian Bute, qui se consacre à la cause des jeunes, sera à son lancement d’album.)
Q: Qu’est-ce que tu manges pour rester belle comme ça?
R: Des bananes! (elle fait une grimace) Belle? Vous ne m’avez pas vue toute nue, ni en maillot! (rires) En fait, je ne sais pas. Je n’ai sans doute pas de mérite. Ma soeur a 38 ans, elle a eu trois enfants et elle est grosse comme un clou. Je fais attention à moi, mais je ne suis pas à l’abri de la gourmandise. Je suis très dent sucrée, mais pas type chocolat.
Q: Accordes-tu beaucoup d’importance à la beauté?
R: Il le faut puisque j’ai une image publique. Je me suis vue à l’émission d’Éric Salvail, Dieu merci!, où on m’avait déguisée en vieille femme affreuse. Si je ressemble à ça plus tard, je tombe dans le Botox et je couche dans la cave à vin! On est toutes coquettes dans la famille. Ma mère a 68 ans et elle est mince et belle.
Q: Tu as changé de coupe de cheveux, toi qui portais les cheveux longs depuis des années. Y a-t-il une raison particulière?
R: Je trouve ça rafraîchissant et plus d’actualité. J’avais envie de changer de look.
Q: Tu as écrit les paroles de la chanson Comme un homme. (Comme un homme, je garde le silence même quand ça fait mal. Comme un homme, je n’ai peur de rien ni personne…) Est-ce vrai?
R: Je suis davantage marteau que… ongles vernis. Je fais de la peinture, de l’électricité, beaucoup de travaux manuels, je monte mon gazebo, je trime ma haie et je n’engage personne pour frotter ma piscine. Mais quand il est temps d’être belle, je me mets belle. Je suis caméléon.
Une star accessible
Le secret du succès de Marie-Chantal Toupin réside dans sa grande simplicité et l’affection qu’elle porte à ses fans.
La chance continue de sourire à Marie-Chantal Toupin. Ses fans l’aiment d’un amour sans bornes. Il faut les avoir vus lui tendre la main pour la toucher, lors de ses spectacles, pour comprendre l’ampleur du phénomène.
Pourtant, s’il est une antistar, c’est bien elle. La rockeuse est tout sauf inaccessible.
Avec les gens, elle demeure elle-même, ne joue pas de jeu. Il y a quelques jours lors d’un spectacle rodage en Gaspésie, le micro a lâché. Le pépin n’a pas déstabilisé la chanteuse. Au lieu de se réfugier dans sa loge le temps de réparer le système de son, elle est restée à jaser avec le monde.
«Je leur ai dit: permettez-moi de me tromper! raconte la chanteuse. C’était tellement drôle, sympathique. Les gens étaient là, on discutait. On avait l’impression qu’on se connaissait depuis dix ans.»
Selon Marie-Chantal, ses fans lui donnent le droit à l’erreur et ils aiment son côté naïf. Elle n’a surtout pas l’intention de changer.
«Je n’ai rien de plus spécial que qui que ce soit, dit-elle. J’ai juste la chance d’exercer ce métier que j’aime et d’amener les gens ailleurs avec mes paroles.
«Si je changeais, je ne vendrais peut-être plus aucun album. Le monde ne m’arrêterait peut-être plus dans la rue pour me saluer. Et si ça devait arriver demain, je mourrais.»
INVITÉE SPÉCIALE
Marc Gervais et Marie-Chantal Toupin, seront le 4 octobre au Théâtre St-Denis.
Marie-Chantal Toupin a commencé à présenter son nouveau spectacle solo en région, mais en parallèle, elle partage aussi la scène avec le conférencier Marc Gervais.
Ils se sont rencontrés il y a dix ans.
Il est aujourd’hui sa thérapie musicale sur scène. Aux côtés de Marc Gervais, Marie-Chantal, à titre d’invitée spéciale, interprète dix chansons qui entrecoupent les allocutions du conférencier.
Les Enjeux de l’amour est un spectacle-conférence à deux voix, celle parlée de Marc Gervais et celle chantée de Marie-Chantal. Dans un mélange de sketchs, d’humour et de réflexions. Gervais parle des enjeux de l’amour: le partager, le perdre et les conséquences d’en avoir manqué.
«Après les propos de Marc, mes chansons prennent une autre signification. C’est très touchant, déclare la chanteuse. Les gens pleurent.»
Un précieux cadeau de Marjo
Entre Marjo et Marie-Chantal Toupin, il n’y a pas de guerre. Au contraire, les deux chanteuses s’aiment bien et la vétérane a offert une chanson à celle qui aujourd’hui suit ses pas.
Pas facile est le titre de la chanson que Marjo a composée et offerte à Marie-Chantal Toupin pour son nouvel album.
Pas facile est pourtant aussi ce qu’on pourrait ajouter à «faire taire les bavardages». Après le passage de Marjolaine Morin à Tout le monde en parle, où elle faisait la moue en parlant de Marie-Chantal Toupin, tout le monde a cru que les deux chanteuses rock se détestaient.
Même si plus tard Marjo et Marie-Chantal ont chanté sur scène ensemble, la rumeur persiste.
«C’est le Québec qui a décidé que nous étions en guerre, indique Marie-Chantal. Pourtant, on s’aime beaucoup. J’ai été voir son show et elle vient de me faire le précieux cadeau d’une chanson.»
COUP DE FOUDRE
La mélodie est arrivée deux semaines avant la fin de l’enregistrement de l’album de Marie-Chantal. Pour elle, ç’a été un vrai coup de foudre. Avec son équipe, ils l’ont approuvée et bingo!, dit-elle, la pièce s’est trouvé une place sur l’album.
«Je me suis dit: il faut que je la chante, raconte Marie-Chantal. La petite cachottière (Marjo), elle avait pensé à moi.»
Marie-Chantal a aussi enregistré une chanson à saveur sociale de Paul Daraîche, Si je pouvais.
Elle reprend Celui que je veux, une mélodie du Français Gildas Arzel (Johnny Hallyday, Céline Dion, Garou) interprétée il y a douze ans par Nanette Workman sur un album en français.
Quant à la chanson-titre de l’album, À distance, mélodie de Karine Nguyen et Claude Senécal, elle fait référence à la famille de Marie-Chantal, sa mère et ses soeurs, qu’elle voit peu, faute de temps, mais qui demeure son équilibre.
UN FILM DE 75 000$
Comblée par ses collaborateurs et «gâtée pourrie» par le métier, Marie-Chantal Toupin essaie d’aider d’autres moins bien servis.
Tout l’été dans les festivals, elle a accueilli des artistes sur scène à ses côtés, pour donner un coup de main. Elle prête maintenant sa voix à un long métrage qui a été produit avec l’infime budget de 75 000$.
Le jeune réalisateur Christian de la Cortina a tourné le film Transit avec 2% du budget normal pour un long métrage comme celui-là. Il a fait appel à Marie-Chantal pour un coup de main, ce qu’elle a accepté.
La chanteuse a enregistré un clip avec des images du film Transit sur sa chanson Une fois pour toutes, permettant ainsi d’en faire la promotion et de donner un bon coup de pouce à de la Cortina.
«Avec toutes les coupes dans le domaine de la culture, il faut être inventif, déclare Marie-Chantal. Il faut donner au suivant. C’est une façon de faire avancer les choses. Si tout le monde faisait ça…»